Bonjour mes chers lecteurs, votre ingénieur en vie meilleure survit comme elle peut à ses journées shanghaiotes (pour reprendre un terme de mon ex-chef adoré que j’attends de pied ferme à Shanghai pour faire la tournée des bars à cocktail et des resto).
Qui dit permis de travail, dit visite médicale obligatoire. On peut la faire en France oui… mais dans tous les cas il faut la refaire en Chine donc autant la faire directement en Chine et depuis ce matin c’est chose faite.
Alors j’ai appris quand même à ne plus me fier à l’allure des bâtiments donc je suis arrivée devant le centre médical aux posters de familles heureuses délavés par la lumière (vous savez quand il ne reste que la couleur bleue sur l’image et que ça fait miteux) et au crépis arraché avec l’assurance d’une jeune touriste prête à tout pour réussir. Eh bien il me fallait au moins ça pour survivre à cette matinée. Après avoir présenté tous mes papiers en règle, mes photos, ma bonne bouille à une n-ième caméra qui a pris je ne sais combien de photos, nous voilà parqués comme des bêtes dans un couloir étroit et sombre attendant des instructions d’une infirmière qui ne sait pas que Mao est mort, ex-sergent instructeur, le genre grosse et grincheuse, avec ses mollets vaillants dans des chaussettes et des tongs hideuses et qui n’a qu’une phrase connue en anglais « this way » en tendant le bras vers d’autres couloirs. Bienvenue à Silent Hill.
Un long couloir qui n’a rien, mais alors rien de rassurant à part la flopée de touristes comme moi qui y circulent les yeux hagards, mène à des box sans lumière dedans ; dans le premier, je dois me déshabiller et me mettre en blouse, dans le suivant, on me pèse, on me prend ma température, on me mesure, le suivant, on me prend du sang. Là je lui lance mon regard avec un petit sourire : « oui vas-y clone-moi si tu l’oses, mon génome c’est de l’or en barre bébé, une machine de guerre ! mets moi dans un drone », le suivant, on me prend mon electrocardiogramme, le suivant une radio du thorax (tout ça pour voir mes seins), ensuite un test de vue où elle m’a demandé deux fois si j’avais été opéré des yeux (non poulette et tu ne m’as pas vue avec une Remington tactique dans les mains encore…), je suis même passée à l’échographie où le médecin m’a quand même demandé d’où venaient les bleus que j’avais sur le buste et là, j’ai eu le choix entre « ben un paladin m’a fracassé avec son épée à deux mains » et « sport ». J’ai choisi la facilité je m’excuse auprès de mon public. Au passage, je ne suis pas enceinte hahaha. Bref.
Bon ils ne m’ont pas gardée donc j’imagine que je suis en bonne santé. Merci ça fera 481 yuans.
J’ai pu reprendre ma vie de baronne ensuite avec mes deux adorables accompagnatrices, Carol et Sherry qui me demandent ce que je veux manger. Je leur dis que je veux manger des plats traditionnels de Shanghai, je me dis qu’avec un peu de chance je vais pouvoir aller dans une petite gargote sympa manger un bol de wonton ou des brochettes… ha ben non, la baronne elle mange pas n’importe où. J’ai mangé au Jardin de Jade. Alors Vincent c’est à toi que je m’adresse car tu as sans doute testé mais si ce n’est pas le cas je te le recommande.
Je suis toujours aussi amusée en commandant du poisson qu’on vienne me le présenter avant de le tuer. Je l’ai nommé Briarreos puisqu’il est mort juste après m’avoir rencontré, spéciale dédicace aux Nussards. Je l’ai mangé il était bon. Après, c’était le carnaval des plats succulents et j’ai mis par-dessus cela presque un litre de jus de pastèque fraichement mixé pour moi (avec un thermomix bonne question ?).
C’est là que ça a commencé à être difficile car l’heure de la sieste commençait à sonner sérieusement mais j’avais encore 3 appartements à visiter. Bon finalement les résidences carcérales façon enclos de Jurassic Park se ressemblent toutes et je vais laisser le chef des opérations choisir ce qu’il préfère en terme de proximité et confort. C’est pour ma petite famille que tous ces efforts en valent la peine et je sais qu’on sera bien lottis. Le moins beau des apparts est plus grand et mieux équipé que notre maison, ça devrait aller !
Au moment où je vous écris, je suis au repos dans ma chambre, je regarde CCTV1, la chaîne locale où depuis 1 heure il ne s’agit que de série TV à la gloire des travailleurs et farcies d’histoire d’amour mielleuse et d’héroïsme paysan. C’est toujours mieux que l’amour est dans le pré… ou pas !
Au fait, je vous présente mon super pote : le bot-room service de l’hôtel. On est déjà intime je lui ai mis la main de le ventre et je lui ai signé une facture. C’est ma poule de luxe.
Je vous dis à plus tard, je regarde le ciel en pensant à vous mes chers lecteurs. J’irai boire un Irish Coffee à votre santé au bar de l’hôtel pour pas tomber de fatigue trop tôt, je tente de m’adapter rapidement au rythme.
